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Helene Schjerfbeck

  • jeudi 8 décembre 2016
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  • Dans le DP en

L’œuvre de Helene Schjerfbeck, peintre finlandaise, n’a cessé d’évoluer à travers les époques : du réalisme à l’expressionnisme, mais souvent en décalage par rapport aux tendances.

Autoportrait : https://www.wikiart.org/en/helene-schjerfbeck

Un parcours de vie parfois comparé à celui de Frida Kahlo

Née en Finlande à Helsinki, Helene Schjerfbeck a pour langue maternelle le suédois. En effet, à sa naissance le 10 juillet 1862, la Finlande est encore l’objet d’affrontement depuis le XIIe siècle entre les Suédois et les Russes et attend toujours son indépendance.
Dès son enfance, sa vie est marquée par le malheur et les blessures. D’abord une chute à l’âge de 4 ans qui la laissera boiteuse et souffrante à vie. Sa famille, modeste, ne peut payer des soins médicaux adaptés. Ensuite son père, fonctionnaire de la voie ferré, décède de la tuberculose alors qu’elle n’a que 13 ans (d’autres membres de sa famille décéderont également de cette maladie).
Ce n’est qu’à 11 ans qu’elle peut commencer sa scolarité. Elle est acceptée à l’École de dessin de la Société des Beaux-arts où elle a étudié avec Adolf von Becker qui révèle ses dons exceptionnels. On parle même d’une enfant prodige. En 1880, son œuvre est présentée dans une exposition annuelle de l’Art finlandais. Elle suscite l’admiration et obtient une bourse pour étudier à Paris à l’Académie Colarossi, un des rares ateliers ouvert aux femmes. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, elle va entreprendre des voyages d’études en Grande Bretagne, à Rome, Florence, Vienne et Saint-Pétersbourg, inspirations que l’on retrouve dans ses tableaux.
Helene Schjerfbeck continue d’exposer et également illustre des livres. C’est pendant son séjour à Saint Ives qu’elle peint Convalescente, qui a remporté la médaille de bronze à l’Exposition universelle de Paris de 1889. C’est en Cornouailles aussi qu’elle tombe amoureuse d’un peintre britannique. Mais la vie ne lui fait pas de cadeaux : alors qu’ils devaient se marier, il choisit de mettre un terme à la relation, sans doute largement influencé par sa famille qui craignait la contagion de cette famille de « tuberculeux ».

Convalescente : https://www.wikiart.org/en/helene-schjerfbeck

Laissons la nous expliquer la suite de son parcours :
"Je fus élève de l’Académie Colarossi de 1884 à 1886. Les années 1894 à 1899, j’ai été professeur de dessin à une école de peinture de l’Etat. J’ai exposé deux fois au Salon des Champs-Elysées, à Paris en 1882 et en 1884, et j’ai obtenu une médaille de 3ème classe à l’Exposition Universelle de 1889. Depuis, j’ai exposé à Stockholm en 1916, à Copenhague en 1919 et à Goteborg en 1923. Une constitution faible m’empêche de beaucoup travailler : une heure ou deux, un matin quelquefois, et, depuis 1897, je n’ai pas vu d’exposition de peinture, seulement des reproductions. Je demeure à la campagne, où l’on ne voit que des ouvriers, des jeunes filles allant à l’usine : je ne sors pas de ma chambre : un atelier, je n’ai jamais eu. Je travaille en cherchant la nature, mais en ne la trouvant pas, je gratte beaucoup et obtiens par-là la « somme » de tous mes efforts ; sur cela, je continue de peindre. Mon idéal, mon rêve, est de peindre encore une fois dans la lumière de la France, la paix, la solitude, l’amour du travail, dans ce pays que j’aime tant depuis ma jeunesse…"
Helene Schjerfbeck, lettre à La Revue Moderne des Arts & de la Vie, 15 novembre 1923

Sa signature : https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Helene_Schjerfbeck#/media/File:Helene_Schjerfbeck_signature.jpg

Elle revient à Helsinki et ne lâche pas son rêve de devenir artiste. Elle refuse de répondre aux sirènes du romantisme patriotique alors même que la Finlande lutte pour son indépendance, refuse aussi de prendre part à des expositions réservées aux femmes. Helene Schjerbeck peint des natures mortes et des paysages, ainsi que des portraits, comme celui de sa mère, des filles d’école locale et des ouvrières, et aussi des autoportraits, et elle est devenue un peintre moderniste. Son travail a été comparé à celui des artistes tels que James McNeill Whistler et Edvard Munch. Elle expose ensuite à Copenhague (1919), à Göteborg (1923) et à Stockholm (1934).

Au fil des ans, notre artiste voyage moins. Sa santé fragile et le contexte de la guerre la poussent à fuir la Finlande pour finir sa vie (1946) dans un sanatorium près de Stockholm où elle peint surtout des natures mortes et ses derniers autoportraits.

Autoportrait : https://www.wikiart.org/en/helene-schjerfbeck

Son œuvre : des autoportraits entre souffrance et humanité

Elle fait partie de l’âge d’or de l’art finlandais qui couvre la période de 1880 à 1910, quand l’art s’imprègne du romantisme national, qui aboutira en 1917 à l’indépendance du pays. Les artistes peignent et magnifient leur pays, son histoire et ses paysages. Ce mouvement va influencer ses débuts, elle peint la nature de façon précise. Les impressionnistes Manet, Van Gogh, Cézanne sont ses sources d’inspiration.
Mais Helene Schjerfbeck est surtout connue pour ses autoportraits, une quarantaine, en près de soixante-dix ans, parmi les trois cents œuvres qu’elle a peintes accompagnant, sans jamais en être vraiment partie prenante, l’émergence du modernisme.
Dès son premier portrait elle donne le ton : pas de corps entier, juste des bustes. Elle suggère, mais interdit au spectateur tout regard sur son corps meurtri. Un sentiment de silence et de solitude se fait sentir devant ses portraits qui sont comme figés. La suite des portraits nous permet de l’accompagner à travers le temps. Ses traits deviennent plus sombres, moins précis, les yeux se fondent jusqu’à laisser place à deux orbites vides. La couleur aussi se fait rare comme dans ce portrait où on ne voit plus qu’une seule tache rouge. L’artiste peint son visage et semble scruter toute trace de maladie et de vieillissement comme pour domestiquer la mort en la regardant (les portraits sont toujours de face). Ces portraits en deviennent presque effrayants. Elle nous donne à voir une accélération du temps : sur les deux dernières années de sa vie elle peindra plus de vingt autoportraits.

Liens :
Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Helene_Schjerfbeck et en anglais https://en.wikipedia.org/wiki/Helene_Schjerfbeck
Sur Wikimedia commons https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Helene_Schjerfbeck
Une partie de ses œuvres : https://www.wikiart.org/en/helene-schjerfbeck
Une thèse lui a été consacrée" Helene Schjerfbeck (1862-1946) : Être une artiste femme finlandaise à la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle" par Anne-Estelle Fontaine (Leguy) http://www.theses.fr/2014PA040037

Un livre : André Hirt, Ce rien que moi dur et glacial : Hélène Schjerfbeck. Encre Marine, 2012 http://www.lesbelleslettres.com/livre/?GCOI=22510100924530&fa=description

Source :
- Dossier de presse de l’expo Musée d’art moderne de la ville de Paris en 2008 http://www.paris.fr/viewmultimediadocument?multimediadocument-id=34226
- http://urga.over-blog.com/article-29849968.html
- https://www.connaissancedesarts.com/peinture-et-sculpture/helene-schjerfbeck-franc-tireur-de-la-peinture-moderne-1119797/
- http://www.lesartistescontemporains.com/Artistes/schjerfbeck.html
- Frank Claustrat, « Helene Schjerfbeck 1862-1946 », Critique d’art [En ligne], 31 | Printemps 2008, mis en ligne le 30 janvier 2012, http://critiquedart.revues.org/763


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