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Tuons le clair de lune !, L’aéroplane du Pape, La Momie sanglante : toutes les œuvres de Marinetti s’élèvent dans le domaine public en 2015.
Cet italien né à Alexandrie en 1876, venu à Paris pour passer son baccalauréat, est l’auteur du Manifeste du Futurisme (1909). Écrit en français puis traduit en italien, il y appelle à « lutter contre le sommeil du passé ». Des Manifestes, il en lancera d’autres et pas toujours pour fêter la modernité, l’audace ou l’amour du danger démontrant que le fascisme naissant était nourri de principes futuristes (Futurisme et fascisme / Futurismo e fascismo, 1924)
Parmi les autres manifestes, citons par exemple celui co-écrit avec Bruno Corra : Contro il teatro morto. Contro il romanzo analitico. Contro il negrismo musicale (octobre 1937) où il fustige le « négrisme » du jazz. Un autre encore où il s’agace du tango : A bas le tango et Parsifal / Abbasso il tango e Parsifal ! (1914).
Parmi tous ces Manifestes, peut-être que celui qui a eu les plus jouissives retombées est celui de 1931, le Manifeste de la cuisine futuriste écrit avec Fillìa, alias Luigi Colombo (La Gazzetta del Popolo, Torino, 28 décembre 1930, p. 3). C’est la fin des macaronis qui y est déclamée, en lutte contre cette « absurde religion gastronomique italienne ». La nouvelle cuisine qui apparaît dans les années 1970 est directement héritée de ce Manifeste de la Cuisine Futuriste : associations inhabituelles voire paradoxales, ruptures avec la tradition, désordre de l’ordre des plats. Pour vous donner envie, voilà quelques plats dont les recettes sont enfin élevées dans le domaine public :
- Antipasto Videsidero : apéritif composé de différents éléments raffinés, le serveur les fera admirer et les convives se contenteront de tartines de beurre.
- Porcoeccitato : un saucisson cru sans peau flottant dans du café mélangé avec une grande quantité d’eau de Cologne.
- Fragolamammella : Un plateau rose avec deux seins érectiles faits de ricotta (sorte de brousse) parfumée au Campari, au sommet des tétons roses de fraises confites. D’autres fraises fraîches entourent le fromage permettant de mordre dans une multiplication idéale de seins imaginaires.
- Superpassione : une tarte à la pâte sucrée, très compacte dont la superficie est décorée de fleurs emplies de grains d’anis, de menthe glacée, de rhum, de genièvre et de liqueur d’amaro.
- Paradoxe de printemps : un grand cylindre de glace mène à son sommet, comme un palmier, à des bananes épluchées. Parmi les bananes sont cachés des œufs à la coque sans jaune, remplis de confiture de prunes.
Pour aller plus loin :
- Les œuvres de Marinetti sur Archive
- 7 références dans le projet Gutenberg
- Le Manifeste du Futurisme sur Gallica
- La présentation du Manifeste du futurisme et de la personnalité de Marinetti sur le site de la BPI
- Une étude de l’écriture manifestaire de Marinetti par Matteo D’Ambrosio
Article Wikipédia : Filippo Tommaso Marinetti
C'est permis !
Puisque le voilà élevé dans le domaine public, plusieurs œuvres de Marinetti seront certainement bientôt mises en ligne dont la
Lettre futuriste circulaire à quelques amies cosmopolites qui donnent des thés-tango et se parsifalisent publiée à Milan le 11 janvier 1914, qui est citée dans la notice et numérisée par la
bibliothèque Kandinsky (actuellement consultable sur place mais vous pouvez la numériser et la mettre en ligne, cela fera sourire certainement les amateurs de tango).
