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Sergei Korolev

par Rayna
  • vendredi 30 décembre 2016
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  • Dans le DP en

Sergueï Korolev, le secret d’État soviétique le mieux gardé

Sergueï Korolyov, transcrit en français Korolev, peu connu en France, est le fondateur du programme spatial soviétique. Si Gagarine a pu aller dans l’espace et Tereshkova est devenue la première femme cosmonaute, c’est grâce au génie de Korolev et à sa passion pour les étoiles.

Le nom de Korolev est inconnu pendant des décennies : nous sommes en pleine guerre froide, la course à l’espace bat son plein et le risque de tentative d’assassinat de la part des puissances ennemies contre lui est grand. Korolev est donc surnommé l’Architecte Suprême (Glavny Konstruktor, soit Главный Конструктор en russe) et aucune information le concernant ne filtre jusqu’à des années après sa mort. Et si l’on y regarde de plus près, il y avait de quoi inquiéter les Américains : à chaque fois que les États-Unis annoncent être en train de parvenir à une grande percée spatiale, l’URSS les devance. Par ex., en 1955 les États-Unis annoncent que le lancement du premier satellite artificiel terrestre est pour 1958 ; Korolev y parvient en octobre 1957, en lançant Spoutnik 1. La NASA est créée en réponse à cette déconfiture. Les annonces se poursuivent avec les États-Unis exprimant leurs plans de lancer le premier satellite en orbite autour du soleil en mars 1959. Korolev y parvient en janvier 1959 (même si c’est avant tout un concours de circonstances), plaçant ainsi la sonde baptisée Metchta (rêve en russe) en orbite héliocentrique. La sonde est renommée Luna 1 et ses instruments permettent de décrire le phénomène que l’on connaît aujourd’hui comme le vent solaire.

Qui est Korolev ?

Korolev s’intéresse depuis son enfance à l’exploration spatiale. Né le 30 décembre 1906 (12 janvier 1907 selon le calendrier orthodoxe russe) à Jytomyr, il étudie à l’École polytechnique de Kiev et puis à l’Université technique de Moscou. Son diplôme d’ingénieur en aéronautique en poche, il commence à travailler avec divers bureaux d’études du domaine et fait la connaissance du constructeur d’avions Andrey Tupolev. En 1930, il rejoint les bureaux de ce dernier et prend la tête du projet de construction de bombardier lourd Tupolev. À partir de 1933, Korolev travaille sur les missiles et les avions-fusées : ce sont ces projets de recherche qui permettront par exemple de stabiliser un vol le long d’une trajectoire programmée grâce à des systèmes gyroscopiques automatiques.

Les purges staliniennes mettent fin à ces développements passionnants : en 1938, Korolev et de nombreux autres chercheurs et militaires sont arrêtés pour avoir participé à une « organisation trotskyste illégale ». Les dénonciations – d’activités fictives – sont faites par des ex-collègues de Korolev, sous la torture et motivées par la peur d’exécutions sommaires. Korolev est envoyé dans la Kolyma, le pire bagne du Goulag soviétique. Pendant un interrogatoire, sa mâchoire est cassée ; victime du scorbut, il perd la moitié de sa dentition. Grâce à l’intervention d’Andrey Tupolev, Korolev est placé dans une prison pour ingénieurs où les conditions sont moins dures ; il peut se consacrer au développement de fusées d’assistance au décollage pour avions.

Tupolev, Korolev, Glouchko et autres chercheurs sont libérés en 1944, mais les charges contre Korolev ne seront abandonnées qu’en 1957, après la mort de Staline. C’est également pour cette raison que Korolev ne pourra être membre du Parti communiste soviétique qu’au milieu des années 1950. À la fin de la guerre mondiale et après la défaite de l’Allemagne nazie, de nombreux projets de recherche militaire sont initiés visant à reprendre et améliorer les armes développées par les nazis. C’est ainsi qu’en 1945, Korolev et d’autres ex-bagnards commencent la production des premiers missiles balistiques et, plus tard, la création du premier missile intercontinental. Les tensions diplomatiques marquant la fin de la guerre et le début de la Guerre froide font que ces projets sont prioritaires pour les militaires soviétiques.

Le début de la grande ère de l’aérospatial soviétique

La mort de Staline insuffle un renouveau dans les activités de recherche de Korolev. Avec ce décès et l’arrestation du directeur redouté de la police secrète, Béria, le climat de terreur se détend ; c’est également le bon moment de restructurer les programmes de recherche. Ainsi, en 1953, l’« ancien criminel » qu’est Korolev pour beaucoup au sein du Parti devient membre du Parti et académicien à l’Académie russe des sciences, une reconnaissance énorme de ses mérites scientifiques. C’est à la suite de ces restructurations et évolutions que Korolev peut se consacrer à son intérêt premier : la conquête de l’espace.

Le premier projet de Korolev est le satellite artificiel. Son intérêt pour le chercheur est purement scientifique mais pour obtenir un accord du Parti et des financements, des arguments susceptibles de plaire aux décideurs sont développés : la forte charge utile et la grande portée du satellite plaisent aux militaires, alors que la propagande de la réussite technique soviétique face aux États-Unis et l’intérêt stratégique (développements de satellite espion) séduisent les politiques. C’est ainsi qu’est lancé en 1957 le tout premier missile balistique intercontinental (le R-7 Semyorka) dont le mécanisme de propulsion sert également à envoyer Spoutnik 1 dans l’espace. La persévérance et la finesse politique de Korolev lui permettent ainsi de débuter le véritable programme spatial soviétique : le succès de Spoutnik lui vaut les bonnes grâces de Khrouchtchev en personne, ce qui permet à Korolev non seulement de se détacher de la main lourde de ses bailleurs de fonds de l’armée mais aussi de bénéficier d’une carte blanche pour poursuivre ses recherches.

Le reste de l’histoire est dans l’Histoire : Korolev parvient à envoyer le premier être vivant, Laïka, dans l’espace à bord du Spoutnik 2. La sonde Luna 1 se met en orbite autour du Soleil et permet la découverte du phénomène de vent solaire. La sonde Luna 2 s’écrase sur la Lune, à l’est de la Mare Imbrium, étant ainsi le premier engin construit par un humain à atteindre un autre corps céleste. De plus, comme tous les instruments scientifiques de Luna 2 ont parfaitement fonctionné, les relevés permettent aux chercheurs soviétiques de confirmer l’absence de champ magnétique lunaire significatif. Ensuite, le développement du programme Vostok dont l’objectif est le vol spatial habité permet d’envoyer Youri Gagarine et ensuite Valentina Tereshkova dans l’espace. Soyuz (soit Union en russe) prend la suite de Vostok : le but est de parfaire le vol spatial habité en ayant des capsules plus grandes pouvant accueillir plusieurs cosmonautes, effectuer des manœuvres plus complexes et permettre des sorties extravéhiculaires.

Avant sa mort en 1966, Korolev a été deux fois Héros du travail de l’URSS ; après son décès, il a reçu de nombreux prix et médailles. Le nom de l’Architecte Suprême a enfin révélé, mais les avancées spatiales russes n’ont plus jamais été aussi éclatantes que sous la direction de Korolev.

La fiche Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sergue%C3%AF_Korolev

Un documentaire court, en russe, sur la vie et les réussites de Korolev : https://www.youtube.com/watch?v=AvhykzxICAg

Une biographie, en anglais  : http://www.thespacereview.com/article/781/1


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