Calendrier de l'avent du domaine public - 2014/2015

Qui s’élèvera dans le domaine public en 2019 ?
Chaque jour de décembre, découvrons le nom d’un auteur dont les œuvres entreront dans le domaine public le 1er janvier 2019.

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Georges Bernanos

  • mercredi 26 décembre 2018
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  • Dans le DP en

Portrait de Georges Bernanos – Coll. famille JL Bernanos

Georges Bernanos (1888-1948)
« Qu’importe ma vie ! Je veux seulement qu’elle reste jusqu’au bout fidèle à l’enfant que je fus. »
Les Grands cimetières sous la lune, 1938

Georges Bernanos est né le 20 février 1888 à Paris et est mort le 5 juillet 1948 à Neuilly-sur-Seine. Il est l’auteur d’une œuvre « de première magnitude », comme l’a très vite souligné André Malraux ; il trouve place parmi les plus grands écrivains français du XXe siècle. Romans et essais sont les deux voies d’écriture d’un même talent soutenu par une foi chrétienne vigoureuse, pour ne pas dire souvent en butte à une Église bien trop tiède et fort louvoyeuse, et par des prises de position qui peuvent paraître inattendues chez un homme qui fut tout d’abord un monarchiste passionné, militant très jeune dans les rangs de l’Action française et participant aux activités des Camelots du roi. Mais ce serait méconnaître son tempérament plein de rectitude face à toute compromission et toute facilité d’analyse politique et historique. Ce courage et cette ténacité face aux épreuves, on les voit très tôt, quand, réformé, il participe malgré tout à la Première Guerre mondiale en se portant volontaire. Il y est d’ailleurs plusieurs fois blessé.

Un écrivain français qui refuse par trois fois la Légion d’honneur et qui répond ainsi à l’invitation de l’Académie française : « Quand je n’aurai plus qu’une paire de fesses pour penser, j’irai l’asseoir à l’Académie  », ce n’est guère banal… D’ailleurs l’Académie ne lui en tiendra pas rigueur, lui décernant son Grand Prix du roman, en 1936, pour Journal d’un curé de campagne. Il avait déjà obtenu le prix Femina pour La Joie en 1929.

L’œuvre romanesque de Bernanos se trouve écrite en une petite vingtaine d’années, alternant avec les essais et écrits de combat, le tout tandis qu’il mène une vie pleine de soubresauts et d’installations diverses dues à un manque d’argent chronique, chez cet époux et père de six enfants, mais trouvant aussi bien des raisons dans la période troublée qu‘il traverse : de Clermont-de-l’Oise à la Côte d’azur (1930-1934) puis aux Baléares (1934-1937). C’est ensuite l’aventure brésilienne, où il va passer quasiment sept ans (1938-1945). Puis la Tunisie, et enfin Paris. Pourtant son paysage mental reste toujours l’Artois, à Fressin exactement, dont il souvient ainsi : « « J’habitais au temps de ma jeunesse une vieille chère maison dans les arbres, un minuscule hameau du pays d’Artois, plein d’un murmure de feuillages et d’eau vive » ». En Espagne, il voit s’abîmer littéralement l’Église espagnole dans le coup de force franquiste. À son retour, Il en témoigne dans Les Grands cimetières sous la lune (1938) : Satan a frappé en ces lieux, le Mal existe bel et bien. Par cette expérience historique, il sort du monde du romanesque pour plonger dans une activité intense de journalisme, de pamphlétaire, d’homme de combat, notamment au Brésil où, par des conférences, des articles, il soutient ardemment la Résistance.

On goûte chez Bernanos le même art intense du récit, qu’il soit purement romanesque ou journalistique : grand lecteur de Balzac, il a développé, lui aussi, un don aigu de l’observation, mais son réel génie, germant du tréfonds de sa foi ancrée dans son enfance, est de voir bien au-delà d’une société à décrire. Réalisme, mais réalisme du surnaturel : se détachant de Balzac par cet aspect, laissant totalement de côté Zola, et versant bien davantage du côté du mystère d’un Dostoïevski. Foin de la plate psychologie ! Bernanos est l’écrivain de l’incarnation, puissante, dérangeante, envoûtante même, et si loin de la littérature française de son temps. Tiédeur des cœurs, frilosité des possédants, conformisme paresseux, pusillanimité de l’âme, favorisent l’émergence du Mal et sont à combattre absolument, que ce soit dans les récits et les pièces qui mettent les âmes à nu, ou dans les articles et les pamphlets qui fustigent le manque de courage et la perte du sens de l’honneur.

La modernité de Bernanos et son actualité demeurent, et pour toutes les époques, comme celles d’un penseur qui nous empêcherait de nous assoupir. Que penserait-il, par exemple, de la « civilisation de la consommation » - l‘expression est de lui en tout premier – qui nous submerge et nous dessèche toujours davantage ?

Source :
http://georges-bernanos.com/


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