Calendrier de l'avent du domaine public - 2014/2015

Qui s’élèvera dans le domaine public en 2019 ?
Chaque jour de décembre, découvrons le nom d’un auteur dont les œuvres entreront dans le domaine public le 1er janvier 2019.

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Antonin Artaud

  • vendredi 7 décembre 2018
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  • Dans le DP en

Antonin ARTAUD naquit le 4 septembre 1896 à Marseille au sein d’une famille bourgeoise. Il fut très vite atteint de douleurs nécessitant par la suite des traitements et l’utilisation de psychotropes, de soins psychiatriques et les arts. Précoce, il met en scène dès son plus jeune âge des tableaux vivants influencés par Edgar Poe, c’est-à-dire à « résonance macabre ». A 14 ans, il fonde une petite revue publiant des poèmes avant d’être atteint de dépression le conduisant à abandonner le système scolaire classique en (dé ?)faveur de traitements dans un sanatorium. Il y publie régulièrement des poèmes dans la revue de Hollande avant d’être mobilisé pour la Grande Guerre. Toutefois, le Conseil de révision révise sa propre appréciation en le démobilisant pour des raisons de santé.

En 1920, il devient co-secrétaire de la revue Demain tenu par Edouard Toulouse (directeur de l’asile de Villejuif). Le bon directeur hospitalier l’invite à prendre sa plume pour des poèmes et des articles. Après sa rencontre avec Lugné-Poë, Artaud s’installe dans une pension à Passy où Antonin découvre le mouvements Dada, les œuvres d’André Breton, de Louis d’Aragon et de Philippe Soupault.

Après son intégration dans la compagnie de Charles Dullin, Artaud rencontrera Génica Athanassiou avec qui il échangera de nombreuses lettres narrant son quotidien (formant par la suite le recueil Lettres à Génica Athanassiou). En 1922, l’aventure théâtrale d’Artaud commence par l’interprétation de rôles classiques avant de s’occuper également de dessiner costumes et décors. Concomitamment, il produit un recueil de 8 poèmes. Sous le pseudonyme d’Eno Dailor, il publie le premier numéro de la revue Bilboquet, une feuille composée d’une introduction et de deux poèmes. Il quitte la compagnie et retourne chez les Toulouse qui le mette en relation avec un autre metteur en scène – fan de Poe. De ce dernier, il élaborera Le Théâtre de la Cruauté. Il devient souffleur au Théâtre de la Comédie des Champs Elysées et se lie avec Jacques Rivière, directeur de la NRF (dont la correspondance sera publiée en 1924). Cette correspondance serait de meilleure facture que ses poèmes. Antonin a donc trouvé une forme de création qu’il entretiendra par la suite.

Antonin Artaud entre en littérature. Commence alors sa période surréaliste au moment où – grande surprise – les substances chimiques font de plus en plus l’intrusion dans sa vie lui permettant de « libérer, surélever l’esprit ». Toutefois, et L’art et la mort le souligne, Artaud aime la réalité et sa dureté. Il rejoint le mouvement des surréalistes mais aussi Antonin commence à s’intéresser au cinéma. Ce mouvement l’influencera moins que le fantasme anarchique du mouvement Dada. Il participe – trop dynamiquement – au mouvement jusqu’à son exclusion. La séparation entre le mouvement surréaliste et le communisme signe son départ violent.

En 1927, il fonde par la suite le Théâtre Alfred Jarry dont les objectifs sont de « contribuer à la ruine du théâtre tel qu’il existe actuellement en France » et de « privilégier l’humour, la poésie de fait, le merveilleux humain ».

Artaud écrit successivement deux manifestes du Théâtre de la Cruauté , avant d’effectuer sa première réalisation les Cenci jouée aux Folies de Wagram. Désastre financier, la pièce est vite retirée de l’affiche. Il arrête le théâtre, même s’il continue à publier des pièces (Le théâtre et son double, 1938).
Louis Nalpas, son cousin mais surtout directeur artistique de la Société des Cinéromans lui obtient un rôle dans Surcouf le roi des Corsaires (Luitz Morat) et rencontre Abel Grance qui lui promet le rôle de Marat dans son Napoléon. Artaud se tente à l’art du scénario sans grand succès puisque seul La coquille et le Clergyman sera adapté. Il abandonne le cinéma tout en restant acteur pour subvenir à ses besoins. L’apparition des films parlants consomme l’abandon du septième art.

Antonin Artaud dérive donc dès 1936 au Mexique. Il découvre les joies du peyolt qui lui font de grand effet littéraires. Il y produit donc les Textes Mexicains et y donne des conférences (Surréalisme et révolution, 26 février 1936, L’Homme contre le destin 27 février 1936, Le Théâtre et les Dieux 29 février 1936).

Il revient en France et à sa fiancée Cécile Schramme appartenant à la bourgeoisie belge. En 1935, Antonin Artaud, soutenu par celle-ci, entre en cure de désintoxication et se rend à Bruxelles. Il y raconte son aventure mexicaine et y fait scandale au point que la famille de Cécile décide de mettre un terme à leur projet de mariage.

Artaud part donc en Ireland sans un sou et commet des filouteries hôtelières pour rechercher le secret des druides. Antonin se fait arrêter pour vagabondage et trouble à l’ordre public avant d’être renvoyé gentiment via paquebot au Havre puis dans une camisole de force. Jugé violent, dangereux pour lui-même et pour les autres du fait d’hallucinations et d’idées de persécution, il est transféré sous placement d’office à l’hôpital psychiatrique. Et là commence vraiment le bad trip d’Artaud ainsi que pour sa famille – qui ignore ostensiblement où il se trouve. Un an plus tard, sa mère arrive à le faire admettre à Sainte Anne où il restera onze mois.

Il en ressort maigre de dix kilos de moins avant d’être – bonheur – transféré dans un autre hôpital (Ville-Evrard) où il – joie – subira la « nouvelle » technique de l’électrochoc – déjà éprouvée dans son enfance pour soigner ses migraines. En 1943, Antonin Artaud est transféré dans un hôpital en zone « libre » pratiquant l’art thérapie et l’art des séries d’électrochoc. La seconde série lui provoque une fracture d’une vertèbre dorsale l’alitant pendant deux mois. Mais non, les crises se calment. Les médecins poursuivent le traitement avec 12 séances d’électrochoc et Antonin poursuit son voyage littéraire avec l’adaptation de deux textes adaptés de Lewis Carroll : Variations à propos d’un thème et Le Chevalier de Mate-Tapis.

Il voit aussi son ouvrage Un voyage au Pays des Tarahumaras être réédité et augmenté. Antonin continue d’écrire Supplément au Voyages chez les Tarahumaras. L’artiste exécute aussi de petits dessins, écrit, adapte. En 45, Artaud travaille sur une centaine petits cahiers d’écoliers dans lesquels il écrit et dessine : les Cahiers de Rodez suivis des 300 cahiers dits du retour à Paris.

Il continue d’écrire sur la question d’un autre théâtre à inventer. Des écrits d’Artaud sortent de l’hôpital malgré les protestations docteur Ferdière « protecteurs » des droits d’auteurs d’Artaud. Ce sont les Lettres de Rodez qui paraîtront en avril 1946
Cette même année, le numéro 4 de la revue Les Quatre Vents publie les Lettres de Rodez reprises par les éditions Guy Lévis Mano (G.L.M). Un gala de bienfaisance est organisé à son profit au Théâtre de Sarah Bernhard par ses amis du « Comité de soutien des amis d’Antonin Artaud » composé de Jean Paulhan, de Jean Dubuffet et entre autres Arthur Adamov, Balthus, Jean-Louis Barrault, André Gide, Pierre Loeb, Pablo Picasso et Henri Thomas.

Toujours en1946, Dubuffet, Marthe Robert, Henri Thomas l’installent dans une chambre individuelle à la maison de santé à Ivry puis dans un petit pavillon dans le parc. Le 8 juin, il enregistre à la radio Les malades et les médecins. En automne, Artaud séjourne à Sainte-Maxime et écrit L’Adresse au Dalaï Lama et L’Adresse au Pape, Le Retour d’Artaud le Momo.

Il meurt le 4 mars 1948, probablement victime d’une surdose accidentelle d’hydrate de chloral, produit dont il connaissait mal l’usage. Retrouvé recroquevillé au pied de son lit, toutes ses affaires, ses notes, ses livres, ses cahiers, ses dessins accrochés aux murs, ses manuscrits, seront volés quelques heures plus tard.. Antonin Artaud sera enterré à Marseille avant d’être transféré au cimetière parisien d’Evry en 1975.

  • Tric Trac du Ciel, illustré de gravures sur bois par Élie Lascaux, Simon, Paris, 1923
  • L’Ombilic des limbes, Gallimard, NRF, Paris, 1925
  • Le Pèse-nerfs, Leibovitz, Paris, 1925
  • Correspondance avec Jacques Rivière, N.R.F., Paris, 1927
  • La Coquille et le Clergyman [archive], scénario
  • L’Art et la Mort, Denoël, Paris, 1929
  • Le Moine, raconté par Antonin Artaud. Traduction et adaptation, Denoël & Steele, Paris, 1931
  • Le Théâtre de la cruauté (manifeste), N.R.F., Paris, 1932
  • Héliogabale ou l’Anarchiste couronné, Denoël & Steele, Paris, 1934 ; rééd. Gallimard, coll. « L’Imaginaire », 1978. « Héliogabale est l’Anarchiste, avant d’être l’Alchimiste couronné. Ce livre envoûtant, le plus construit et le plus documenté des écrits d’Antonin Artaud, est aussi le plus imaginaire. Qui n’a pas lu Héliogabale n’a pas touché le fond même de notre littérature sauvage J. M. G. Le Clézio 170 »
  • Les Nouvelles Révélations de l’être, Denoël, Paris, 1937
  • Le Théâtre et son double, Gallimard, Paris, 1938 ; rééd. Gallimard, coll. « Idées », Paris, 1964 ; rééd. Gallimard, coll. « Folio/essais » (no 14), Paris, 1985
  • Révolte Contre La Poésie, Éditions du Pirate, Paris, MXXVIM Rodez, 1943
  • Lettres de Rodez : Lettres à Henri Parisot, G.L.M., Paris, 1946 cinq lettres publiées en 1946, d’autres Lettres de Rodez paraîtront après la mort d’Artaud114. Elles sont réunies dans les tomes XI et XII des Œuvres complètes aux Éditions Gallimard, coll. Blanche, édition de Paule Thévenin, 1956-1994
  • Van Gogh, le suicidé de la société, K éditeur, Paris, 1947 ; rééd. Gallimard, coll. « L’Imaginaire », Paris, 1990
  • Ci-gît, précédé de la Culture indienne, K éditeur, Paris, 1947
  • Pour en finir avec le jugement de dieu, K éditeur, Paris, 1948 ; rééd. suivi de Le Théâtre de la cruauté, éd. E. Grossman, Gallimard, coll. « Poésie », Paris, 2003
  • Supplément aux Lettres de Rodez, suivi de Coleridge le traître, G.L.M., Paris, 1949
  • Les Cenci, in Œuvres complètes, Gallimard, Paris, 1964
  • L’Ombilic des limbes suivi de Le Pèse-Nerfs et textes surréalistes, Gallimard, coll. « Poésie », Paris, 1968
  • Lettres à Génica Athanassiou, Gallimard, coll. « Le point du jour », Paris, 1969
  • Les Tarahumaras, publié pour la première fois sous le titre Voyage au pays des Tarahumaras le 15 septembre 1945 dans la collection l’« Âge d’or » dirigée par Henri Parisot aux éditions Fontaine ; réédité en 1955 par les éditions de l’Arbalète (Décines), réédition 1963 par Marc Barbezat, l’Arbalète l’ouvrage contient des lettres au docteur Allendy, à Balthus, Jean-Louis Barrault, René Thomas, Jean Paulhan, un chapitre Surréalisme et révolution, L’homme contre le destin, Le Théâtre et les Dieux. Rééditon Gallimard, coll. « Idées », Paris, 1974, Gallimard, œuvres complètes tome 9 , coll. Blanche 1979, rééd. Gallimard, coll. « Folio/Essais », Paris, 1987
  • Lettres à Annie Besnard, Le Nouveau Commerce, Paris, 1977
  • Messages révolutionnaires (textes mexicains), Gallimard, coll. « Idées », Paris, 1979
  • Dessins et portraits, texte de Jacques Derrida et Paule Thévenin, Gallimard, Paris, 1986
  • L’Arve et l’Aume, accompagné de 24 lettres inédites à Marc Barbezat, L’Arbalète, Paris, 1989
  • Nouveaux Écrits de Rodez, Lettres au docteur Ferdière et autres textes inédits, Préface de G. Ferdière, Gallimard, coll. « L’Imaginaire », Paris, 1994 ; rééd. en tirage limité à l’occasion des trente ans de la collection l’Imaginaire, accompagnés d’un CD rassemblant des documents rares (témoignages d’André Breton et du Dr. Gaston Ferdière), Gallimard, coll. « L’Imaginaire », Paris, 2007
  • 50 Dessins pour assassiner la magie, édition et présentation d’Évelyne Grossman, Gallimard, Paris, 2004
  • Suppôts et supplications, présentation d’Évelyne Grossman, Gallimard, coll. « Poésie », Paris, 2006
  • Cahier d’Ivry, janvier 1948, fac-similé, édition et présentation d’Évelyne Grossman, Gallimard, Paris, 2006
  • Histoire vécue d’Artaud-Mômo (texte des trois cahiers apportés par Antonin Artaud au Théâtre du Vieux Colombier le 13 janvier 1947), Fata Morgana, Saint-Clément-de-Rivière, 2009

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