Calendrier de l'avent du domaine public - 2014/2015

Qui s’élèvera dans le domaine public en 2019 ?
Chaque jour de décembre, découvrons le nom d’un auteur dont les œuvres entreront dans le domaine public le 1er janvier 2019.

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Paul Otlet

  • mardi 9 décembre 2014
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  • Dans le DP en 2015

Paul Otlet libéré, libre d’accès, partagé et aisément diffusé. Voilà une belle destinée qui va pouvoir se poursuivre pour le visionnaire belge, l’homme qui a tant fait pour la documentation et les bibliothèques et les professionnels de l’information d’hier et d’aujourd’hui.

Paul Otlet naît dans un milieu bourgeois le 23 août 1868 à Bruxelles et meurt le 10 décembre 1944 dans la même ville, au sein d’un monde qui vient de connaître une terrible seconde guerre mondiale, lui dont un des objectifs était justement de l’éviter. Paul Otlet était un idéaliste, investi dans les associations internationales notamment afin d’œuvrer pour la paix. Si cette démarche ne s’avéra guère efficace puisqu’il publia un ouvrage vantant les mérites du pacifisme peu de temps avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, tandis que son acolyte Henri Lafontaine recevait le prix Nobel de la paix en 1913, la réussite de Paul Otlet est ailleurs.

Que dire de Paul Otlet, c’est qu’on lui doit beaucoup et qu’on n’a pas fini d’en parler. Il est bien sûr coutume de l’associer à son compère Henri Lafontaine avec qui il a œuvré au sein des associations internationales pour améliorer l’accès et l’indexation des connaissances et militer pour la paix. On sait que ses plus belles réussites sont surtout « documentaires ». C’est ainsi qu’en 1895 il crée avec Henri La Fontaine l’Office international de bibliographie qui sera le premier élément pour réaliser ensuite une œuvre ambitieuse et désormais insensée : le « répertoire bibliographique universel » (RBU), rassemblant tous les documents publiés dans le monde avec leur description bibliographique. Parallèlement,
en 1905, le système de « classification décimale universelle » (CDU) dérivé de la classification Dewey est créé. Notre visionnaire et idéaliste n’en est pas moins un pragmatique. C’est lui qui va constituer le fameux standard de 125 sur 75 mm pour les fiches bibliographiques ainsi que les meubles et tiroirs pour les contenir.
L’utopie d’Otlet est bien sûr le Mundaneum, ce lieu de tous les savoirs, projet impossible qui sera sans cesse sous la menace de disparition du fait de délocalisation et qui est désormais incarné sous la forme d’un musée dédié à son œuvre à Mons.

Durant l’entre-deux-guerres, il poursuivra en vain son projet de construction d’une Cité Mondiale, en collaborant notamment avec Le Corbusier. Voilà pourquoi Otlet apparaît dans une des planches des cités idéales de Schuitten. L’homme qui voulait classer le monde, comme le qualifie Françoise Lévie dans sa biographie, découvrirait que sa logique classificatoire a bien changé, et que les velléités de classement se sont déplacés de l’indexation des connaissances à celle des existences.
Paul Otlet est un visionnaire ce qui explique sa redécouverte par les Américains qui le considèrent comme un père spirituel du web et de l’Internet. C’est sans doute aussi un des pères de l’hypertexte assurément ce qu’avait déjà démontré Alexandre Serres. On le considère également comme un des visionnaires du web et de nouvelles technologies qui facilitent l’accès au document et à l’information.

Voilà pourquoi les américains l’ont redécouvert récemment et notamment Google qui l’a mis en avant dans son exposition virtuelle sur les pionniers de l’Internet et du web en Europe.

Son fameux traité de documentation écrit en 1934 est déjà numérisé depuis quelques années. On peut en trouver quelques exemplaires en ligne, mais le fichier est lourd et l’ocr pas totalement évidente.

L’entrée de Paul Otlet dans le domaine public, c’est surtout un beau symbole qui nous permettra 70 ans après sa mort de valoriser ses travaux et de le rendre encore plus accessible. Car Paul Otlet n’a pas envisagé la documentation comme devant être restreinte au monde papier, bien au contraire. Le traité de document regorge d’éléments qui nous démontrent que la documentation est vouée à se poursuivre dans une diversité d’environnements. Par conséquent, l’héritage de Paul Otlet est à poursuivre dans de nombreuses directions.

S’il y a une leçon à suivre, c’est sans doute celle qui consiste à mettre en relation les questions d’organisation des connaissances, avec celle de l’organisation générale de nos institutions et modes de vie. Si la cité idéale internationale que souhaitait mettre en place Otlet n’existe pas encore, il nous appartient sans doute de faire fructifier l’héritage du penseur belge, tant il reste à faire sur ces questions. Nous ne sommes rien sans lui désormais, mais nous sommes tous un peu mundanéens, rassemblant cette documentation éparse dans divers espaces numériques, sans parvenir pleinement à en tirer du sens et à en faire quelque chose pour améliorer vraiment nos connaissances et nos capacités à vivre en paix. L’arrivée de Paul dans le domaine public nous offre l’occasion de valoriser ses travaux, autour d’une version augmentée et enrichie du traité de documentation à mais surtout de faire fructifier son héritage tant il y a encore à faire.

  • La chaîne Youtube du Mundaneum
  • À noter qu’un nouvel ouvrage en anglais sort sur Paul Otlet, faisant de lui un précurseur de l’âge de l’information. Un billet présente cet ouvrage qui montre la redécouverte des travaux de Paul Otlet au niveau international.

Article Wikipédia : Paul Otlet


Domaine public

Paul Otlet a produit des illustrations et des représentations intéressantes dans ses ouvrages. Toutes ses illustrations peuvent être largement utilisées et réutilisées dans tous vos documents.


C'est permis !

On peut imaginer pas mal de choses, notamment avec un site ou une application qui présenterait tous les propos les plus visionnaires de Paul Otlet. Une telle œuvre libérée permettrait d’envisager de multiples déclinaisons du traité de documentation par exemple. Il faut donc re-documentariser Paulo façon transmédia !


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