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Félix Fénéon est un intellectuel français né le 22 juin 1861 à Turin en Italie et mort en 1944 à Châtenay-Malabry (France), le 29 du mois de février. On ne peut donc célébrer la disparition de Félix Fénéon que tous les 4 ans...
L’homme a consacré sa vie à différentes activités artistiques et/ou intellectuelle. Félix Fénéon a été critique d’art, journaliste au Figaro ou au journal Le Matin puis directeur de revues d’art. Il s’est distingué par sa plume et son style vif et percutant. S’il joue avec les mots, il ne les mâche pas pour autant. Dans ses chroniques, il n’hésite pas à fustiger des écrivains ou des metteurs en scène dont il considère le travail plutôt médiocre. À l’inverse, ses articles ont contribué à faire connaître des noms de la littérature ou de la peinture : Apollinaire, Mallarmé, Rimbaud mais aussi Seurat ou Pissarro. Félix Fénéon est reconnu comme un véritable dénicheur de talents. Un prix Félix Fénéon a d’ailleurs été crée pour récompenser des jeunes auteurs. Butor (1956), Echenoz (1979) et Modiano (1968) ont d’ailleurs reçu ce prix.
La vie du journaliste recouvre également une dimension politique. Félix Fénéon a été proche de l’anarchisme avant de rejoindre les idées communistes après la révolution russe d’Octobre 1917. Il a mis son art de l’écriture au service de journaux anarchistes en y écrivant des articles. Il a contribué à L’Endehors ainsi qu’à La Revue Anarchiste. Fénéon a côtoyé des figures de ce mouvement politique, notamment Emile Pouget au côté duquel il comparait devant la cour d’assises de la Seine en 1894 dans le fameux Procès des Trente. Au cours de ce procès Félix Fénéon s’illustre par sa nonchalance et l’impertinence de ses réponses. Lorsque le président de séance lui pose des questions sur ses relations amicales et lui dit : « Il est établi que vous vous entouriez de Cohen et d’Ortiz » (deux autres anarchistes inculpés). Félix Fénéon lui répond : « Pour entourer quelqu’un, il faut au moins trois personnes. »
Il ressort innocenté de ce procès.
Félix Fénéon entre également dans la postérité avec les Nouvelles en trois lignes qu’il publie dans le journal Le Matin entre 1905 et 1906. Il en a publié rien moins de 1200. Grâce aux télégrammes que lui envoient les correspondants situés sur tout le territoire, Fénéon commente, dans ces chroniques, des faits divers avec une contrainte technique liée à la mise en page du journal : ne pas écrire plus de 150 caractères. En d’autres termes, Félix Fénéon est le précurseur du gazouillis et de la twittérature. Son talent et sa maîtrise des mots rendent ces nouvelles très savoureuses. Ces brèves sont souvent teintées d’humour noir et flirtent parfois avec le politiquement incorrect. En voici quelques exemples :
Madame Fournier, Monsieur Voisin, Monsieur Serteuil se sont pendus. Neurasthénie, cancer, chômage.Un « poisson royal » de 150 kilos est exhibé à Trouville pour cinq sous. On l’a proposé au jardin des Plantes : pas de réponse.
Calen, détenu à la prison de Thouars, que venait de manquer la sentinelle, s’est tué en tombant sur des rochers. Il s’évadait.
M. Abel Bonnard, de Villeneuve-Saint-Georges, qui jouait au billard, s’est crevé l’œil gauche en tombant sur sa queue.
Susceptible comme un mari, Louis Dubé a poignardé dans la rue de Flandres sa maîtresse Florence Prévost.
Avec un couteau à fromage, le banlieusard marseillais Coste a tué sa sœur qui, comme lui épicière, lui faisait de la concurrence.
- Émission radio : Félix Fénéon avant twitter et Yahoo insolite ;
- Le compte Twitter de Félix Fénéon qui publie une nouvelle en 3 lignes par jour ;
- Article Wikipédia sur les Nouvelles en trois lignes.
Article Wikipédia : Félix Fénéon
C'est permis !
Découvrez une partie des œuvres de Félix Fénéon sur Gallica. Publie.net a également édité en 2012 un livre numérique qui reprend les 1210 nouvelles de Félix Fénéon.