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L’Art en famille
Illustre famille parisienne que celle des Devambez.
Le grand-père d’abord, Édouard, graveur, imprimeur et éditeur d’art. Il donne à l’artisanat de la gravure une vraie dimension artistique et donne à son atelier une renommée prestigieuse. Il remporte des médailles aux Expositions Universelles et a la charge des faire-part et des livres d’or des plus grands souverains d’Europe. La maison Devambez est aussi bien une maison d’édition qu’une galerie d’art. En 1928, le couturier Paul Poiret, autre personnalité de notre calendrier de l’avent du domaine public, y fait éditer son célèbre ouvrage PAN, annuaire du luxe à Paris. La maison Devambez existe encore aujourd’hui sur la luxueuse place Vendôme.
Le père ensuite, André, graveur, dessinateur, peintre et illustrateur, distingué par le prix de Rome pour sa peinture en 1890.
Le fils, enfin, Pierre, brillant conservateur des antiquités grecques et romaines au musée du Louvre de 1937 à 1973.
Le 1er janvier 2015, ce sont les œuvres d’André qui entrent dans le domaine public. On ne sait pas grand chose de la vie d’André Devambez, si ce n’est qu’il est initié à la gravure par son père, qu’il a grandi dans l’effervescence artistique de la maison Devambez, et qu’il s’est formé à l’École des Beaux-Arts de Paris, où il deviendra par la suite professeur.
Art officiel
Ce que l’on connaît de lui, c’est surtout son œuvre. Beaucoup de ses peintures relèvent de l’art officiel. L’État lui commande le portrait du Maréchal Pétain en 1932, afin de célébrer celui qui est pour l’instant le dernier survivant de la Première Guerre Mondiale. On demande également à Devambez de réaliser les panneaux décoratifs de la nouvelle ambassade de France à Vienne ; il choisit de représenter tout un catalogue des objets modernes de son temps : le métro, le téléphone, et surtout l’avion. C’est ce qui donne lieu au seul oiseau qui vole au-dessus des nuages (tableau que le festival du domaine public mettra très bientôt à l’honneur).
Après 1910, Devambez continue de représenter des avions en vol surplombant les campagnes et les villes. En 1934, il est nommé peintre officiel du tout jeune ministère de l’Air.
Une œuvre éclectique : un esprit libre
Mais il ne faut pas s’y tromper ; l’ensemble de son œuvre, de par son éclectisme, dépasse de loin l’académisme de l’art officiel, et révèle un esprit libre, inventif, et non dénué d’humour. Devambez, au cours de sa carrière, a aussi travaillé comme affichiste et comme illustrateur pour les journaux Le Rire ou Le Figaro illustré. Il a également signé toute une série de livres pour enfants (Histoire de la petite Tata et du gros patapouf, Les Aventures du Gros Patapouf ...). Il a également réalisé toute une série d’aquarelles évoquant des scènes de la Première Guerre Mondiale.
Aujourd’hui, neuf de ses tableaux sont au Musée d’Orsay. Parmi eux, le plus connu, et certainement le plus impressionnant : La Charge (1902).
Ce grand tableau met en scène un affrontement entre la police en rang et une foule de manifestants, la nuit, sur le boulevard Montmartre à Paris. Rien n’indique de quelle manifestation il s’agit, mais il est probable que l’artiste se soit inspiré des nombreuses tensions et manifestations entre les forces de l’ordre et les ouvriers à la toute fin du XIXe siècle, voire peut-être du climat d’extrême tension de l’affaire Dreyfus.
Toujours est-il que l’opposition fratricide entre la foule en colère et la ligne guerrière et menaçante de la police prend ici une force frappante. Le point de vue surélevé, peut-être d’un homme à sa fenêtre, donne à l’ensemble une impression de vertige saisissante. D’autant que l’affrontement laisse un espace de tension béant au centre du tableau, et contraste avec les badauds éclairés par les vitrines des magasins dans la partie gauche du tableau.
- Les tableaux de Devambez analysés par L’Histoire en Images ;
- Notice du tableau Concert Colonne sur le site du Musée d’Orsay ;
- Notice du tableau La Charge sur le site du Musée d’Orsay ;
- Notice du tableau Le seul oiseau qui vole au-dessus des nuages sur le site du Musée d’Orsay.
Article Wikipédia : André Devambez
C'est permis !
Au 1er janvier 2015, nous pourrons théoriquement accéder à une reproduction numérique de qualité sur internet, sans que soit mentionné quoi que ce soit en filigrane, comme c’est par exemple le cas sur la reproduction du seul oiseau qui vole au-dessus des nuages de cette notice...