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Chercheuse et militante féministe américaine
Sophonisba Breckinridge est une des figures militantes du féminisme américain du tournant du XXème siècle.
Elle est née en 1866 dans le Kentucky, 2ème d’une fratrie de 7 enfants dans une famille d’avocats, acteurs du pouvoir politique local et national. Son père, élu au Congrès du Kentucky, progressiste, soutient l’éducation des filles. Il laissera à Sophonisba la liberté de s’investir pleinement dans les études supérieures et d’exercer des métiers qui deviennent accessibles aux femmes. Elle sera la 1ère femme admise au Barreau du Kentucky en 1895.
Elle sera également 1ère femme docteur (Juris Doctorate) de l’Université de Chicago, 1ère femme à représenter le gouvernement des Etats-Unis à une Conférence Internationale (Pan-American Conference – Uruguay, 1933).
Comme ses consœurs pionnières féministes, elle pousse toutes les portes qui s’entrouvrent dans les institutions. Elles profitent de la conjoncture favorable de l’Ere Progressiste qui, pour réformer le pays, prône l’éducation pour tous. Sophonisba adhère pleinement au pari progressiste de Roosevelt. Elle mettra en œuvre ces valeurs dans son parcours universitaire, son travail de chercheuse et enseignante en sciences sociales et ses implications personnelles pour les femmes, contre le travail des enfants, pour les immigrants et les afro-américains.
Militante féministe, militante sociale engagée.
Dès ses 14 ans, en 1880, elle s’inscrit à ce qui deviendra l’Université du Kentucky, qui s’ouvre aux femmes, mais, interdite de passer les examens c’est à Wellesley College (université privée féminine prés de Boston) qu’elle est diplômée en 1888.
Après 2 années d’enseignement des mathématiques à Washington DC, elle part en Europe pendant 2 ans. De retour dans le Kentucky, devenue avocate en 1895, mais, sans clients, elle part définitivement pour Chicago. Elle reprend ses études à l’université : doctorat en sciences politiques et sciences économiques en 1901, JD (Juris Doctorate) de l’University of Chicago Lawschool en 1904 (plus haut grade universitaire en Droit).
Son choix pour Chicago est motivé par la présence de féministes et militantes sociales qui y sont très actives. Elle va tout d’abord rejoindre Marion Talbot (morte aussi en 1948), doyenne des femmes à l’Université, qui milite pour les droits des femmes à l’enseignement supérieur. Elle sera sa secrétaire, puis son adjointe. Amie d’Edith Abbott, économiste et travailleuse sociale, elle est introduite auprès de Jane Addams, activiste du droit de vote pour les femmes et de la paix dans le monde. Jane Addams, de retour d’un périple en Europe a créé une Maison d’accueil – Centre social (Settlement House) sur le modèle anglais, dans les quartiers pauvres de Chicago : Hull House.
Action politique et sociale à partir de Hull House.
Sophonisba s’installe à Hull House en 1907. Elle va y œuvrer concrètement. Concernée par les conditions de vie des immigrants, la situation des afro-américains, le travail des enfants, elle enquête, se documente auprès des populations, recherche des solutions politiques, écrit des essais. Elle pratique le travail social. Convaincue du bienfait de l’éducation pour tous, elle crée avec Julia Lathrop l’unité d’éducation populaire : Chicago School of Civics and Philanthropy, dont elle sera la doyenne (1908-1920) qu’elles réussiront à intégrer à l’Université.
En accord avec l’esprit de Hull House, atypique chez les progressistes, elle s’engage politiquement auprès des Afro-américains en participant à la création du NAACP (Association Nationale pour l’Avancement des gens de couleur), et en ouvrant dans leurs quartiers le Centre Social Wendell Philipp qui a formé des travailleurs sociaux afro-américains.
Avec Jane Addams, elle milite pour le droit de vote des femmes à la National American Woman Suffrage Association, participe au Women’s Peace Congres à la Haye en 1915, s’implique dans la Women’s Trade Union League en tant que visiteuse d’usines.
Chercheuse et enseignante en Sciences Sociales innovante.
Sophonisba Breckinridge a mené une carrière universitaire accomplie. Elle est professeure adjointe en 1909, puis chercheuse en 1920, statut acquis de haute lutte malgré ses diplômes et ses capacités, professeure à part entière en 1925, titulaire d’une chaire.
Son travail de chercheuse en sciences sociales « s’est focalisé sur l’intersection des problèmes sociaux, des politiques publiques et des réformes sociales ». Elle a innové dans l’enseignement des sciences sociales, professionnalisant la formation et intégrant la formation des travailleurs sociaux à l’université.
Elle travaille à la renommée de son Département, notamment par la création, avec Edith Abbott de la revue scientifique Social Science Review qui fait date dans le domaine du travail social. Elles y publient.
Sophonisba part à la retraite en 1933, mais continuera d’enseigner jusqu’en 1942. Elle décède en 1948 à 82 ans.
Elle a publié dans des revues scientifiques, des revues militantes. Elle a écrit son autobiographie, et laisse de la correspondance avec ses amies féministes. Elle n’est pas traduite en français. Son entrée dans le Domaine Public en France peut permettre de donner une meilleure connaissance des féministes américaines réformistes
Publications : ouvrages.
Elle a publié plusieurs livres reconnus, seule ou avec ses consœurs.
The Delinquent Child and the Home – 1912 sur les enfants pauvres et migrants criminels. The Modern Household – 1912 sur la double journée des femmes qui travaillent Women in Twentieth Century ; a Study of their Political, Social and Economic Activities – 1933 Marriage and the Civil Rights of Women ; separate Domicil and Indépendant Citizenship – 1931
Aller plus loin :
Pour apprécier l’étendue de son action et de ses œuvres :
Article de Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sophonisba_Breckinridge On verra aussi l’article consacré à Jane Addams : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jane_Addams L’article sur l’Ere progressiste ; notamment le « Système orégonais » (The Oregon System) https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%88re_progressiste
