Calendrier de l'avent du domaine public - 2014/2015

Qui s’élèvera dans le domaine public en 2019 ?
Chaque jour de décembre, découvrons le nom d’un auteur dont les œuvres entreront dans le domaine public le 1er janvier 2019.

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Sergueï Rachmaninov

  • mardi 24 décembre 2013
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  • Dans le DP en 2014

C’est l’une des voix les plus singulières de la musique du XXe siècle. Rachmaninov défie les classifications. Son œuvre se veut à la fois uchronique et utopique. Uchronique : elle renouvelle un idiome romantique jugé dépassé. Utopique : elle perpétue une Russie traditionnelle liquidée par la révolution soviétique.

Rachmaninov est issu d’une vieille famille aristocratique russe en voie de déclassement. Criblé de dette, son père ne peut lui payer la formation nécessaire pour devenir officier de la Garde Impériale. Le destin du jeune Rachmaninov se joue ailleurs. Sa grand-mère, profondément dévote, l’emmène régulièrement à l’église. L’enfant a une révélation, mais elle n’est pas religieuse : il est frappé par la beauté du chant orthodoxe.

À neuf ans, il intègre le conservatoire de Saint-Petersbourg. La jeune école musicale russe est alors en pleine effervescence. Rachmaninov multiplie les rencontres stimulantes : il étudie l’harmonie avec Anton Arenski, le contrepoint avec Serge Taneiev et le piano avec un brillant élève de Franz Liszt, Alexandre Siloti. Il croise ponctuellement Tchaïkovski et sympathise avec un jeune étudiant : Alexandre Scriabine.

En 1891, il passe son examen de piano. Il a tout juste 18 ans et compose fiévreusement : un opéra, Aleko, un premier concerto et une petite œuvrette qui le poursuivra toute sa vie, le Prélude en do dièse mineur. Cette phase créatrice ne dure pas. L’échec de la Symphonie op. 13 plonge Rachmaninov dans une dépression durable. L’écriture du second concerto aura valeur d’exorcisme : cette création aboutie retrace le dialogue intérieur d’un esprit en proie au doute.

Le début du XXe siècle est une période heureuse. Les concertos voyagent dans le monde entier. Il les interprète à New York en 1909 puis à Vienne l’année suivante, sous la direction de Gustav Mahler. Cette reconnaissance internationale lui assure un confort matériel et l’estime de ses pairs.

La première guerre mondiale marque une second rupture, bien plus profonde. Il quitte la Russie devenue soviétique et est contraint de mener une vie nomade. L’interprétation devient son seul salut : il délaisse la composition pour se constituer un solide répertoire. Ce faisant, il se coupe des évolutions esthétiques en cours. Son œuvre, toujours populaire, apparaît anachronique aux nouvelles avant-gardes. Elle subit un mépris durable des spécialistes.

Au milieu des années 1920, sa situation redevient plus stable. Il recommence à composer. Son style évolue et gagne en complexité. Son Concerto n°4 déconcerte son public usuel et ne s’imposera que tardivement dans le répertoire pianistique. La Rhapsodie sur un thème de Paganini est cependant consacrée par un succès immédiat. La 17e variation donnera lieu à nombre de reprises dans le cinéma hollywoodien.

Il envisage de quitter les États-Unis pour l’Europe. La seconde guerre mondiale ne lui laissera pas le choix. Il disparaît à Beverly Hills en 1943, deux ans après avoir achevé un ultime opus crépusculaire, les danses symphoniques.

La majeure partie de l’œuvre de Rachmaninov, qui dépend de la législation russe, est déjà dans le domaine public. Seules ses six compositions « américaines », conçues après 1925, sont libérées au 1er janvier : le Concerto pour piano n°4, les Trois chansons russes, les Variations d’après Corelli, la Rhapsodie sur un thème de Paganini, la Symphonie n°3 et les Danses symphoniques. L’année 2014 permettra ainsi de redécouvrir pleinement le style tardif ou américain de Rachmaninov, finalement peu connu des mélomanes.


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