Calendrier de l'avent du domaine public - 2014/2015

Qui s’élèvera dans le domaine public en 2019 ?
Chaque jour de décembre, découvrons le nom d’un auteur dont les œuvres entreront dans le domaine public le 1er janvier 2019.

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Käthe Kollwitz

  • jeudi 10 décembre 2015
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Son nom ne vous dit peut-être, rien mais c’est une artiste allemande polyvalente dont les talents recouvrent de multiples facettes : sculpture, dessin, gravure sur bois et sur cuivre, lithographies, estampes.

Il est des femmes (et des hommes !) qui marquent leur époque de leur empreinte : Käthe est de cette trempe. C’est une femme engagée et consciente des problèmes de société dont ses œuvres sont le reflet, une pacifiste, engagée pour le droit des femmes, des enfants, et des plus démunis. Apolitique au sens strict du terme, elle se définit pourtant elle-même comme socialiste, un environnement politique qui l’a bercée depuis son enfance.

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Statue de Käthe Kollwitz à Berlin réalisée par Gustav Seitz(1960)

Quand art et conscience politique ne font qu’un !

Käthe Kollwitz (1867-1945) réalise à 13 ans sa première gravure sur cuivre puis elle prend des cours avec le graveur Rudolf Mauer et avec le peintre Gustav Naujok. En 1885, elle s’inscrit à l’école de dessin de Berlin. L’influencent en particulier Klinger et Emil Neide, disciple de Courbet. Elle fréquente aussi un jeune lithographe, Heinrich Zille. Admiratrice de Zola, un de ses premiers travaux consiste à illustrer « Germinal ».
En 1891, elle épouse un médecin, le docteur Karl Kollwitz, et le couple s’installe dans un quartier ouvrier. Elle est alors confrontée aux côtés obscurs de la grande ville (pauvreté, maladie, détresse du prolétariat dont la population s’est accrue via une industrialisation rapide) et à son cortège de déboires collatéraux (chômage, alcoolisme, prostitution).
Faire prendre conscience à la société de ces maux via son art devient alors sa préoccupation majeure, comme l’atteste son journal en1922 : « Ich bin einverstanden damit, dass meine Kunst Zwecke hat. Ich will wirken in dieser Zeit, in der die Menschen so ratlos und hilfsbedürftig sind. »
Ce qui nous donne en français : « Je suis d’accord avec le fait que mon art nourrit un dessein. Je veux agir à cette époque où les gens sont si désemparés et si démunis. »
Pour Käthe, l’art a donc une vocation utilitaire ; il doit être porteur d’un message.

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Plaque commémorative apposée devant la maison de Käthe et Karl Kollwitz à Berlin

Son cycle intitulé « La révolte des tisserands » (1893) lui apporte une reconnaissance dans l’art graphique. Il est inspiré du drame« Les Tisserands » (Die Weber) de Gerhart Hauptmann et est constitué de 6 gravures (3 lithographies et 3 eaux-fortes). En 1899, le cabinet d’estampes de Dresde acquiert cette œuvre, ce qui constitue la pierre angulaire du futur musée qui lui est dédié.
En 1904, Käthe se rend à Paris où elle passe un an et découvre le travail de Rodin et les dessins de Steinlen.
En 1910, ses premières sculptures s’inspirent d’Ernst Barlach.
Puis la guerre lui enlève son fils Peter en 1914 en Flandre et conduit Käthe vers le pacifisme, le socialisme et suscite en elle un rejet viscéral de la guerre. Cette expérience douloureuse transcende son art et lui confère une vocation universelle et atemporelle.
Le thème femme-enfant sera très présent dans son œuvre plastique et son traitement la rapprochera de l’expressionnisme. De manière plus générale, son style évocateur, son caractère entier, les sujets qu’elle aborde font de Käthe Kollwitz une des artistes les plus représentatives de l’expressionnisme allemand.
De 1924 à 1932, elle travaille à l’édification d’un monument aux morts à vocation universelle qui se trouve au cimetière de soldats de Dixmuiden (Flandre). Intitulé « Les parents », il représente un couple agenouillé.

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Käthe Kollwitz : The Grieving Parents, a memorial toKollwitz’ son Peter, now in Vladslo, Diksmuide, West Flanders, Belgium

Käthe réalise aussi une sculpture sur bois à la mémoire de Karl Liebknecht, membre du parti social-démocrate (SPD) et fondateur du parti communiste allemand qui fut assassiné en 1919.
Après la guerre 1914-1918, elle réalise un cycle intitulé :« La guerre, le prolétariat, la mort et la famille ».

Le thème de la guerre la hante : elle dépeint la solitude et le désespoir des laissés-pour-compte à travers des dessins, des lithographies et des gravures sur bois de veine expressionniste (1922-1924). Son travail s’inspire de Max Ernst.
Elle réalise aussi des affiches du type « Plus jamais de guerre » (Nie wieder Krieg) : 1922-23. En 1940, ses dessins reprennent les mêmes thèmes.

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"Nie wieder Krieg" und "Mutter mit Kind auf dem Arm" : "Plus jamais de guerre“ et „Mère avec son enfant dans les bras“

A l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933, Käthe fuit toute compromission ; elle n’a plus le droit d’exposer son travail et démissionne de l’Académie prussienne des arts dont elle était membre depuis1919 et dont elle fut la première femme accueillie dans ses rangs. Le contexte politique et social marque donc sa conscience et son travail d’une empreinte durable.

Par ailleurs, Käthe Kollwitz a toujours réalisé des autoportraits, aussi saisissants que ceux de Lovis Corinth. Une œuvre achevée au bout de 10 ans en 1936 représente à elle seule la somme de sa vie artistique : il s’agit d’un visage en bronze aux proportions presque classiques mais dont le regard concentre à lui seul avec une économie de moyens à la fois dignité, courage et souffrance, bref le substrat de l’humanité !

Après sa mort en 1945, Käthe Kollwitz a été honorée dans de multiples expositions et ses dessins, ses sculptures sont visibles dans de nombreux musées. Les leitmotivs présents dans son œuvre résonnent aujourd’hui encore avec beaucoup d’acuité : « Les cultures de semences ne doivent pas être broyées »(aphorisme de Goethe) et « Plus jamais de guerre ».
Un prix Käthe Kollwitz est décerné chaque année à un artiste plasticien. Le lauréat 2015 est Bernard Frize.

Liens connexes et pertinents sur l’auteur et/ou son oeuvre

Où voir ses œuvres, liens sur sa biographie :

Ses œuvres sont pour la plupart exposées à Dresde, Berlin et Cologne :


Article Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/K%C3%...


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