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Gerhart Hauptmann (1862-1946) est un dramaturge allemand et un illustre représentant du naturalisme en Allemagne, comme Emile Zola en France.
Né en 1862 en Silésie qui faisait alors partie de l’Empire allemand, il restera attaché toute sa vie à cette terre dans laquelle il ancre nombre de ses écrits.
Issu d’une famille aisée, son père est gérant d’hôtel et son grand-père tisserand, il entame des études artistiques et se tourne vers la sculpture et le dessin ; il voyage et se rend en Italie : « L’Aventure de ma jeunesse » (1937) en fait le récit. Comme tout intellectuel allemand de l’époque, il est fasciné par le classicisme antique.
Gerhart Hauptmann se consacre ensuite à l’écriture de pièces de théâtre d’obédience naturaliste influencées par Arno Holz et Johannes Schlaf. A cette époque, la littérature tente une approche « objective » de la réalité qui relègue le réalisme au second plan.
Dans son œuvre s’entremêlent sans cesse la réalité souvent cruelle du quotidien et un monde onirique destiné à supporter le tragique de la vie.
Le déterminisme social, l’hérédité de classe, la vie paysanne, les dialectes sont des marqueurs distinctifs de son théâtre comme « Avant le lever du soleil » (1889), qui dénonce les déchirements occasionnés par la découverte de gisements de charbon et devient le premier grand drame naturaliste allemand.
Il s’intéresse aussi aux classes défavorisées, au prolétariat et son grand œuvre « Les Tisserands » (1892) dépeint le destin et la révolte de tisserands silésiens, considérés comme une entité de classe. En effet, l’individu n’agit pas pour lui mais pour un groupe. L’expressionnisme en littérature reflète quant à lui une vision beaucoup plus distordante et angoissante des masses.
Plusieurs théâtres allemands craignent alors le courroux de l’Empereur Guillaume II et ne présentent plus ses pièces. Pourtant, ce texte n’est pas un drame révolutionnaire en soi, car la résignation l’emporte sur la révolte.
Ce qui frappe déjà dans ses textes, ce sont ses personnages qui ne parviennent pas à communiquer : « il n’y a rien de plus terrible pour ceux qui se connaissent que de rester des étrangers l’un pour l’autre », écrit Hauptmann.
Edward Hopper (1882-1967), peintre américain de veine naturaliste, est le chantre dans ses tableaux de l’incommunicabilité entre les êtres.
Käthe Kollwitz (1867-1945)
s’est inspirée de ce texte pour réaliser les gravures de son cycle intitulé « La révolte des tisserands » (1893) qui lui confère une renommée dans l’art graphique.
Par ailleurs, Friedrich Zelnik a adapté « Les Tisserands » au cinéma en 1927.
Puis le style de Gerhart Hauptmann évolue vers le symbolisme avec des textes plus poétiques comme « L’Assomption de Hannele » (1893), ou encore « La Cloche engloutie » (1897) : ce texte quasi mystique a d’ailleurs été transposé en musique à maintes reprises.
L’univers mythique de « Et Pippa danse ! » (1906) permet aux personnages d’échapper à la pesanteur du quotidien. « Pippa incarne la beauté avec toute sa force mais aussi avec tout ce qu’elle a d’éphémère », écrit Hauptmann.
« Le Voiturier Henschel » (1898) est lui un drame réaliste, où inégalités sociales et corruption se côtoient.
En 1912, Gerhart Hauptmann reçoit le prix Nobel de littérature et en 1932 la prix Goethe.
La Première Guerre Mondiale (1914-1918) est synonyme pour lui de l’effondrement de la culture européenne et renforce son pessimisme.
Thomas Mann s’est inspiré de certains traits de caractère de Gerhart Hauptmann pour imaginer le personnage de Mynheer Peeperkorn dans « La Montagne magique » (1924)
En 1933, Hauptmann se retire de la vie publique. Certaines de ses oeuvres sont censurées par Goebbels, ministre de la Propagande, en raison de leur caractère transgressif, d’autres continuent à être publiées, mises en scène et portées à l’écran, car le régime nazi profite du prestige et de l’aura des textes de Hauptmann.
Vers la fin de sa vie, Hauptmann s’attelle à un drame antinazi : « Les Ténèbres » (1943).
Les pièces de théâtre constituent l’essentiel de son œuvre mais il a également écrit des romans, des poèmes où il narre ses déboires sentimentaux, l’échec de ses mariages.
Ce thème occupe une grande place dans son œuvre, comme dans « Le Garde-Barrière Thiel » (1888) ou « Rose Bernd » (1903).
Gerhart Hauptmann est décédé en 1946 et repose comme il l’avait toujours souhaité sur sa terre de Silésie à Hiddensee.
Une robe de bure franciscaine qui remonte à son voyage en Italie et une poignée de terre silésienne l’accompagnent. Ces deux attributs résument l’homme et l’écrivain qu’il fut : épris de culture classique et viscéralement attaché à sa terre.
Sources :
article Wikipedia (en français)
article Wikipedia (en allemand)
article de l’encyclopédie Universalis
Lebendiges Museum Online
Museumsverbund Gerhart Hauptmann
Documents de et sur Gerhart Hauptmann :
GALLICA
Projet Gutenberg
Bibliothèque numérique allemande
Site de l’association des amis de Gerhart Hauptmann :
http://www.gerhart-hauptmann-gesellschaft.de/
Article Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gerha...