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Edgar Chahine est un peintre et graveur d’origine arménienne notamment connu pour ses représentations de la vie parisienne à la Belle Époque.
Né en 1874 à Vienne en Autriche, il grandit dans le quartier européen de Constantinople. Il y fréquente une école catholique et suit les cours de l’Académie des Beaux-arts fondée par le peintre français Antoine Guillemet. Alors que le contexte politique est de plus en plus critique pour la minorité arménienne, Chahine part à 18 ans poursuivre ses études en Italie. A Venise avec sa mère, il suit à l’Académie des Beaux-arts les cours du peintre Antonio Paoletti et du sculpteur Antonio dal Zotto. Trois ans plus tard, les Chahine, mère et fils, s’installent définitivement à Paris où Edgar s’inscrit à l’Académie Julian.
Paris populaire
Si les enseignements qu’il reçoit de ses professeurs, les peintres Jean-Paul Laurens et Benjamin Constant, contribuent à améliorer sa technique, c’est dans la rue qu’il puise son inspiration. Se disant lui-même « élève de la rue », il croque les habitants de son quartier, le très populaire Montparnasse. Après que sa première toile, intitulée Le Gueux, a été exposée au Salon des artistes français en 1896, il poursuit les années suivantes dans la même veine. En 1898, il expose avec audace deux œuvres particulièrement populistes : l’intérieur d’une maison ouvrière et une mère qui se suicide au gaz avec son enfant.
Mais Chahine, encouragé par les réactions que suscitent ses estampes, délaisse bientôt ses pinceaux pour se consacrer presque exclusivement à la gravure, A partir de 1900, date à laquelle il reçoit la médaille d’or en gravure à l’Exposition universelle, le marchand et éditeur Edmond Sagot commence à le soutenir financièrement. Comme Toulouse-Lautrec ou Steinlen, Edgar Chahine est fasciné par le Paris de la Belle époque et s’intéresse à l’effervescence de la ville moderne. Il aime notamment représenter les figures des fêtes populaires comme les saltimbanques, les lutteurs et autres danseuses. Il s’attache aussi à montrer la capitale en pleine transformation à travers les démolitions entreprises en vue de la création du métro.
Portraits mondains
Les portraits de Chahine se caractérisent par une extrême maitrise du dessin et l’expressivité du monde intérieur de ses modèles. Comme les graveurs Helleu et Villon, il est apprécié pour ses portraits d’élégantes alanguies dont il griffe l’image à la pointe sèche. Introduit par Sagot, Chahine entre rapidement en relation avec des personnalités du monde littéraire et artistique. Il est invité à graver le portrait de grands écrivains et à illustrer leurs œuvres : Mirbeau, Baudelaire, Colette, Flaubert, Verlaine... Et se lie même d’amitié avec certains d’entre-eux, notamment Anatole France. C’est au cours de la décennie 1909-1919, marquée par une série d’événements douloureux (génocide arménien, décès de sa mère, 1ère Guerre mondiale), qu’il intensifie ses relations avec la communauté culturelle arménienne. Les portraits qu’il réalise à cette époque de son père, d’orphelins arméniens ou encore de Nubar Pacha, homme politique d’origine arménienne, témoignent de ce rapprochement. A partir de cette période, Chahine se met à militer pour la reconnaissance de l’Arménie aux côtés de son ami, le poète Archag Tchobanian.
Venise
Si Chahine sait admirablement rendre par le pastel ou la gravure les paysages de Normandie, du Croisic ou de la maison de son ami Anatole France en Touraine, il aime surtout faire le portrait de la ville de Venise avec laquelle il entretient une relation particulière : ville de sa jeunesse, il s’y réfugie pour oublier la mort de sa fiancée en 1906 et y retourne en voyage de noce en 1921. Ses paysages urbains associent des cadrages photographiques structurés par les arches des ponts à un traitement particulièrement essuyé, laissant au blanc de la plaque le soin d’exprimer la lumière crue de l’été vénitien.
Nus féminins
Naturalisé français en 1925 à l’âge de 51 ans, Chahine est un artiste accompli et reconnu. A partir des années 1930, il renouvelle sa technique et expérimente la tempera. Il prend souvent sa femme pour modèle pour représenter des figures délicates de femmes nues. Il décline ainsi diverses postures de nu féminin en variant les techniques (pastel, gravure, peinture) comme pour épuiser le sujet. D’un velouté soyeux, les nus au pastel de Chahine rappellent ceux de Degas et de Valladon.
Lorsqu’il meurt à 73 ans, en 1947 à Paris, Chahine laisse une œuvre forte de 450 gravures, 430 illustrations et 300 peintures, pastels et dessins. Honoré d’une rétrospective de son vivant en 1936 à Erevan en Arménie, il fait l’objet de plusieurs expositions notables depuis sa disparition (Moscou- 1964, Venise-1968, New-York-1977, Paris-2001…). Un musée dédié à l’artiste a aussi ouvert ses portes à l’initiative de son fils, Pierre, dans la petite ville normande de Crouttes-Vimoutiers (Orne).
Sources
- Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Edgar_Chahine
- Association Culturelle Arménienne de Marne-la-Vallée (France) http://www.acam-france.org/armenie/arts-galerie/chahine.htm
- Edgar Chahine (1874-1947), Un regard arménien : exposition Issy-les-Moulineaux, Salle Boullée de l’Hôtel de Ville, 22 avril-19 juin 2015. , https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0ahUKEwiPk-m79eTXAhVD6aQKHdOtDxQQFggoMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.cne-experts.com%2Fmedia%2FcneNewMedia%2Fnews%2FDP-Chahine.pdf&usg=AOvVaw3yTmpz3wP5UZkFQWi7ZF_J
- Edgar Chahine (1874-1947), Les femmes, Paris, Venise : exposition Auvers-sur-Oise, Musée d’Aubigny, 13 avril-11 septembre 2005. Auvers-sur-Oise : Musée d’Aubigny, 2005.
Image : anonyme / Domaine Public https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Edgar_Chahine.jpg