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Pendant longtemps, le cinéma c’était lui et quelques autres, Chaplin ou Cecil B. DeMille. À une époque où l’Europe s’entretue, où toutes les forces vives sont mobilisées, les Américains vont donner au cinéma ses premiers chefs d’oeuvre. La France perd sa position de première puissance exportatrice de films pour les États-Unis. Hollywood devient alors La Mecque du cinéma pour reprendre l’expression de Blaise Cendrars : David Wark Griffith (1875-1948) en est l’un de ces réalisateurs. Les images qu’il réalise sont nouvelles ; les intrigues alors se complexifient. Griffith crée une grammaire, celle du cinéma moderne, la compréhension des images se fluidifie grâce entre autre au gros plan. Ce n’est pas seulement l’un des premiers cinéastes à comprendre le véritable potentiel de cet art nouveau et maîtrisant la technique, Griffith s’intéresse aux multiples facettes de l’usine à rêve. Déjà en 1914, avec Thomas Harper et Mack Sennett, il crée une première maison de production la Triangle Film Corporation, mais il réitère l’expérience, cinq ans plus tard, en s’associant avec une autre Dream Team du cinéma outre-Atlantique Mary Pickford, Douglas Fairbanks et Charlie Chaplin avec il fonde l’United Artists. Réalisateur, producteur, acteur, Griffith est une personnalité incontournable du cinéma américain des années 1910 et 1920. La critique cinématographique française de l’époque l’admire, Louis Delluc en tête, car Intolérance est pour la première génération de cinéphiles la preuve de la puissance créatrice du cinéma.
La filmographie de Griffith est impressionnante, il réalise près de 400 courts métrages entre 1908 et 1913, bien évidemment, ce sont ces longs métrages que l’on retient. Parmi eux, Intolérance bien sûr, Le lys brisé, Les deux orphelines, film sur la Révolution française, teinté de l’anticommunisme primaire de l’époque. Mais Griffith c’est aussi, La naissance d’une nation film raciste et violent où le Ku Klux Klan est montré comme une armée héroïque défenseur de la nation wasp (White Anglo-Saxon Protestant). Spike Lee n’a pas attendu l’entrée de l’oeuvre de Griffith dans le domaine public pour la réutiliser ; dans BlacKkKlansman, on peut en voir quelques images.
L’entrée de David Wark Griffith dans le domaine public ne va pas s’accompagner d’une entrée de toute l’oeuvre de Griffith. Comme à chaque fois pour les cinéastes, les films sont des oeuvres collectives. Cela exige donc que tous les artistes crédités soient dans le domaine public. Toutefois, Griffith est l’auteur de pas moins de 228 scénarios — selon la base de données Imdb — la plupart sont des courts métrages certains ont été écrits à plusieurs. Néanmoins, certains pourront désormais être à nouveau réutilisés, remixés et détournés. Parmi eux, justement, La Naissance d’une nation, Intolérance ou Les deux orphelines.