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André Mathieu, le « Mozart québécois »

  • mardi 11 décembre 2018
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André Mathieu (18 février 1929 - 2 juin 1968 - Montréal Québec - Canada)

Le 2 juin 1968, André Mathieu, pianiste et compositeur surnommé le « Mozart québécois » quittait ce monde à tout juste 39 ans, laissant derrière lui plus de deux cents œuvres.
C’est son père, Rodolphe Mathieu, pianiste et compositeur connu, qui fût son premier professeur. André Mathieu dira de lui : « Quand j’ai perdu mon père j’ai perdu mon meilleur ami »

André Mathieu est né le 18 février 1929 dans une famille où la musique est centrale. Déjà musicien depuis l’âge de deux ans et demi, André Mathieu n’a que 4 ans lorsqu’il compose et joue ses premiers morceaux, c’est un enfant prodige. Pourtant, ce qui décidera Rodolphe Mathieu à reconnaître le talent de son fils, c’est lorsqu’il entend la pièce qu’André compose, une nuit, en improvisant au piano. Cette pièce sera intitulée « Dans la nuit ». Le jeune André Mathieu crée là une œuvre authentique qui émane du plus profond de son être. Sa mère, Wilhelmine Gagnon, violoniste, réussit alors à convaincre son mari, jusque là réticent, à s’investir pleinement dans l’éducation musicale de leur fils.

Son père l’envoie à New York afin qu’on découvre la force de son talent. A 5 ans, André Mathieu jouera le récital de ses œuvres pour la première fois au Ritz-Carlton à Montréal.
En 1936, il a 7 ans. La famille Mathieu part pour Paris. Le gouvernement du Québec lui attribuera une bourse. André étudiera la musique pendant 3 ans et fera peu de concert. Une vie extraordinaire s’annonce. La famille se prépare pour des concerts à travers l’Europe. Hélas, rentrés au Québec pour les vacances d’été, la Seconde Guerre mondiale éclate et empêchera le retour de la famille Mathieu à Paris. C’est la fin d’un beau rêve.

En 1941, afin de poursuivre ses études musicales, André Mathieu part avec sa famille à New York. A 12 ans, il participe au concours de composition du 100e anniversaire de l’Orchestre philharmonique de New York et Il remporte le premier prix. Il rencontre son mentor Serge Rakhaminov qui lui dira : « Vous, vous serez mon successeur »
Pourtant, malgré ses succès, André Mathieu se languit du Canada et rentre à Montréal avec ses parents. En 1943, âgé de quatorze ans, il achève l’œuvre maîtresse de sa carrière, son Concerto no 3 pour piano et orchestre appelé aussi Concerto de Québec.
Puis, malgré les critiques élogieuses, le public québécois commence à déserter André Mathieu. Devenu adolescent, il ne suscite plus autant d’intérêt et de curiosité que l’enfant prodige qu’il était.
En 1946, il reçoit une bourse de perfectionnement de l’état français et retourne seul à Paris. Il étudie la composition avec Arthur Honegger et Jules Gentil. Au cours de son séjour en Europe, André Mathieu remporte un véritable triomphe à chacun des vingt-trois récitals qu’il donne. Mais, en 1947, alors qu’il a dix-huit ans, déçu, à court d’argent et se languissant de sa famille, il décide de rentrer dans son pays et de se consacrer à la composition.
A son arrivée, André Mathieu est confiant et a de nombreux projets. Le succès du Concerto no 3 laisse croire à André Mathieu que sa popularité au Canada est encore bonne, mais il ne retrouve pas le public québécois. Sa carrière décline. Jusqu’à la fin de sa vie, André Mathieu tentera en vain de relancer sa carrière et de retrouver son public. D’abord porté aux nues à un très jeune âge, il termina sa vie dans la misère et l’oubli. Il laisse une liste impressionnante de pièces mais seulement environ un quart de ses œuvres a été retrouvé jusqu’à présent.

Quelques vidéos d’archive de Radio Canada nous permettent de retrouver André Mathieu bien vivant. Il y interprète plusieurs extraits de ses pièces musicales dont sa pièce préférée : Mistassini à travers laquelle il souhaite exprimer toute la beauté de cette région du Nord du Québec qu’il aime et connaît si bien. André Mathieu définira son style musical comme un genre de romantisme moderne. Il dira aussi avec une pointe d’humour : « À vingt ans, j’ai choisi d’exécuter mes œuvres parce que je suis contre la peine de mort. Je ne peux pas faire exécuter mes œuvres par d’autres ».

Le grand pianiste québécois Alain Lefèvre, travaille à la reconnaissance internationale de l’œuvre d’André Mathieu. Il tente de la faire revivre, notamment son Concerto de Québec depuis quelques années.
Sans la Seconde Guerre mondiale la carrière d’André Mathieu aurait sans doute pris un autre chemin. A nous, aujourd’hui, de contribuer à le faire sortir de l’oubli.

Sitographie

Domaine public

Fonds de la famille Mathieu en PDF ou en RTF :
http://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/301/nlc-bnc/mathieu_family_fonds-f/index.html

Voir André Mathieu

Jeunesse oblige, 21 novembre 1967 - Portrait du pianiste et compositeur André Mathieu par Michel Dussault
http://www.radio-canada.ca/util/postier/suggerer-go.asp?nID=4349526
Carrefour, 2 mars 1956 - Entrevue du journaliste Jacques Languirand avec le pianiste André Mathieu et son père, Rodolphe Mathieu
http://www.radio-canada.ca/util/postier/suggerer-go.asp?nID=4349599

Ecouter des extraits de ces œuvres


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